Beaucoup de propriétaires se posent la question du ferrage ou du déferrage. Et pour cause, l’un comme l’autre aura un impact sur notre cheval. Nous allons nous intéresser au déferrage, de plus en plus courant depuis quelques années.
Pourquoi déferrer son cheval ?
Passé l’effet de mode, on observe de réels atouts.
Déferrer va permettre au pied de pouvoir retravailler dans les cinq dimensions : dorso/palmaire, latéro/médiale, rotation, proximo/distale, et temporelle.
Ce mouvement va permettre au sabot de se rééquilibrer si besoin, de se développer, et de rester le plus proche possible de son équilibre naturel.
Le déferrage, pour quel type de chevaux ?
Certaines races auront des prédispositions génétiques plus optimales que d’autres. Les poneys ont souvent l’avantage de présenter de petits pieds ce qui minimise les pathologies.
Certaines pathologies auront tout à gagner à retrouver un pied sans fer. Notez que pour d’autres, une protection est inévitable !!
Les avantages du pied nu
Pas de risque de déferrage !
L’avantage d’un cheval pied nu, c’est qu’on a un cheval toujours prêt à suivre son cavalier, pas de risque de déferrage !
Un pied qui « travaille »
Le pied nu permet au pied de travailler.
Un pied qui travaille, c’est un pied qui va pouvoir :
- Gérer l’ensemble des forces qui s’applique à lui.
- Se déformer suivant l’expansion-contraction (expansion des talons qui s’écartent de quelques millimètres lorsque le pied se pose, et se referment pour reprendre leur place initiale lorsque le pied se lève).
- Permettre la distorsion des talons.
Petit point sur la distorsion des talons : il s’agit de la possibilité pour les talons de travailler indépendamment l’un par rapport à l’autre. Concrètement, cela veut dire qu’un talon peut s’élever par rapport à l’autre. Ce mouvement de distorsion va permettre d’orienter les pressions à l’intérieure du pied via l’épine de la fourchette (qui correspond à la lacune centrale de la fourchette) sur les 2 cartilages ungulaires présents dans le pied en déplaçant le coussinet digital. Ce mouvement permet alors de protéger l’os naviculaire. Ce mouvement est possible uniquement pied nu ou avec une protection souple. Si la quantité de stimulation est suffisante, on obtient alors un pied sain capable de toutes les performances que l’on souhaite. Le pied du cheval c’est un peu comme un muscle, si il peut travailler, c’est-à-dire se déformer et interagir avec les pressions qui lui sont transmises, alors il se développe, se renforce. S’il ne peut pas il a tendance à s’atrophier.
Action rapide en cas d’infection
L’avantage également, c’est qu’en cas d’infection on peut facilement agir. En effet, les infections touchent généralement la fourchette, la ligne blanche, ou la paroi. Le fait que le pied soit nu, cela permet d’accéder facilement à chacune de ces structures pour pouvoir les traiter si besoin. De plus, le fait que le pied soit nu renforce la qualité de ce dernier, ce qui permet d’apporter de la stimulation pour renforcer les structures et ainsi les rendre moins vulnérables.
Pas d’avantages sans… inconvénients !
Le déferrage une étape cruciale qui doit réunir les meilleures conditions
Le déferrage est une étape cruciale. Avant de passer le cap, il est important de s’assurer que toutes les conditions sont réunies afin que cette transition soit confortable pour le cheval :
Les sols sur lesquels évolue le cheval ne doivent pas être trop humides ni gelés.
Dans le cas d’un cheval au box, la litière doit être la plus propre possible.
Dans le cas d’un cheval au pré il faudra éviter au maximum les sols trop humides, sales et boueux.
Les pieds poussant plus vite au printemps, la période sera propice à cette transition en permettant des résultats plus rapides. L’automne suivra en deuxième saison !
Un parage toutes les 3 semaines les premiers temps, afin de garder le pied le plus équilibré possible et que son fonctionnement soit optimal (gestion de l’énergie, et locomotion).
Pour certains chevaux, la période de transition nécessite des aides alternatives (résines, fers souples, hipposandales) puisque l’état de leurs pieds n’est pas suffisant pour porter le cheval et supporter les énergies dû à la locomotion
La nécessité de proposer une stimulation suffisante au pied…
L’un des points clés de la réussite du pied nu, c’est une stimulation suffisante pour le pied du cheval, ce qui demande une certaine rigueur.
En effet, plus le pied va être stimulé par du mouvement, plus il va se développer, et pousser. Rappelez-vous l’histoire du muscle : plus il travaille, plus il est fort. Il en est de même pour le pied !
Pour stimuler le pied en début de déferrage :
- Dans un premier temps, sur des sols meubles comme le sable ou l’herbe, un pas actif pendant au moins 20 minutes tous les jours. On peut tout à fait commencer en main et se mettre à cheval progressivement. Si le cheval en a la capacité on peut passer au trot puis au galop.
- Dans un second temps, si le cheval est confortable on peut alors commencer à stimuler sur un sol plus dur comme le béton ou le goudron, au pas actif en main et/ou monté.
Les sols caillouteux seront à réserver pour quand le cheval sera déjà à l’aise aux 3 allures en carrière et au pas et au trot sur le goudron.
… tout en adaptant le travail de son cheval…
Il est cependant indispensable d’adapter le travail du cheval en fonction de ses capacités. On peut s’imaginer que nous partions faire un marathon ! On commencerait sur une petite distance, sur un sol facile (le sable ou l’herbe pour le cheval) et à faible allure, puis on augmenterait la durée, la vitesse, la difficulté du sol (les cailloux pour les chevaux). On répèterait l’entrainement tous les jours ou en tout cas plusieurs fois par semaine jusqu’à obtenir les performances que l’on souhaite. Le développement est toujours plus long à obtenir qu’à perdre, il faut donc être très régulier pour obtenir une progression. Certaines figures comme les voltes, les serpentines, le travail à deux pistes vont engendrer des stimulations importantes mais douces pour venir développer le pied du cheval.
… en fonction de la santé de ses sabots
Vigilance particulière pour les pieds que l’on peut juger « faibles » : parois fines, cassantes ou infectées, fourchettes pourries ou avec peu de masse, sole fine, surface de talon faible, mauvais placement des talons sur le plan dorso-palmaire (talons bas, talons haut) ou proximo-distal (talons fuyants). Ces phénomènes sont autant de déformations qui nous permettent de dire que le pied n’est pas en bonne santé, et n’est pas capable de supporter tout ce qu’on souhaite faire avec notre cheval. Le risque étant d’abîmer certaines structures du pied (les os, les dermes, les tendons, les ligaments) et de créer des pathologies. Ainsi si le pied présente une ou plusieurs structures faibles, il va falloir adapter les séances de travail en réduisant peut être la vitesse, la difficulté des sols, la hauteur des sauts, la distance parcourue ou la durée de l’entrainement.
La transition pieds ferrés / pieds nus : conseils et gestion
C’est le passage que beaucoup redoutent. Et pour cause, c’est souvent un saut dans l’inconnu pour le propriétaire. Il est donc nécessaire de s’entourer de professionnels compétents et ayant l’habitude, afin de vous guider et vous accompagner. Il est souvent plus facile de déferrer les postérieurs que les antérieurs pour une raison de fonction des pieds, de conformation, de génétiques et de concavité.
Une période idéale pour déferrer mon cheval ?
Il n’y a pas de meilleure période ! Cela dit, l’été est tout de même à éviter, avec ses sols souvent durs suivant les régions. La meilleure période sera celle où vous aurez le plus de temps à consacrer à votre cheval et le moins d’objectif sportif.
Anticiper avec un soutien en interne
Vous pouvez anticiper les 6 mois précédent le déferrage pour apporter des compléments alimentaires afin de renforcer la qualité et la pousse de la corne. Retrouvez mon article sur l’utilisation de la Biotine juste ici.
Rigueur et progressivité !
Une fois votre cheval déferré, procédez avec rigueur, sur les soins, le suivi et le travail. Il faut du temps et un travail progressif. En effet, le fer en acier peut s’apparenter à un plâtre ou une attèle sur une zone mobile. Parfois c’est nécessaire, mais lorsqu’on désire déferrer, il est tout à fait facile de comprendre que le pied se retrouve démuni d’une aide. Il faut alors quelques temps (la durée est différente chez chaque cheval) pour que le cheval se réapproprie les sensations du pied nu. Il lui faut du temps également pour qu’il redéveloppe des structures capables de se débrouiller seules, sans aides pour gérer l’énergie de la foulée et produire une foulée de qualité. Cette période de transition peut s’apparenter à des séances de kiné. Pour certains chevaux la marche entre le ferrage et le déferrage est trop importante, il est alors bien d’apporter une aide de transition qui permettra de limiter le travail demandé au pied, tout en permettant qu’il commence à s’initier au mouvement. Les résines types Perfect Hoof Wear, fers plastiques souples (brochés ou collés) les hipposandales, les semelles… permettent de gérer l’inconfort créer par le déferrage qui doit être minime. Le but étant d’éviter la création de dommages sur les pieds comme des abcès, ou sur le reste du corps (blocage d’épaules, de garrot…).
Une durée de transition ?
Il n’y a pas vraiment de théorie tant sur la durée de transition, que sur la marche à suivre puisque chaque cheval est différent, et part d’un « point zéro » différent.
Le maître mot est de garder du confort, et de s’adapter à son cheval.
À bientôt,
Ludivine.