Le changement de pied est un mouvement de compétition que l’on retrouve dès le circuit jeunes chevaux, et du niveau amateur jusqu’au plus haut niveau d’épreuve.
Il consiste à faire passer le cheval du pied sur lequel il galope au pied opposé.
Il peut s’effectuer de deux manières différentes : de ferme à ferme, ou en l’air.
Le changement de pied de ferme à ferme
Il apparait dès les épreuves jeunes chevaux de 5 ans et se retrouvent sur tout le circuit amateur.
Dans le changement de pied de ferme à ferme, le cheval exécute une transition galop-pas/ pas galop, séparée par 3 à 5 foulées de pas.
Par son mécanisme et ses exigences, il introduit très bien dans la progression du cheval le travail du rassembler : l’équilibre et l’abaissement des hanches qu’il demande en sont un bon exemple.
Les critères de réussite peuvent être cités comme étant les suivants (sans ordre hiérarchique d’importance) :
- Rectitude
- Equilibre
- Rythme du galop avant la transition, rythme du pas, rythme du galop après départ
- Fluidité
- Franchise, netteté des transitions montante et descendante
- Qualité du contact, décontraction
- Départ sur le bon pied
- Précision du tracé en compétition
Les aides du cavalier à observer sont celles de l’incurvation et du galop sur lequel il se trouve (jambe intérieure à la sangle, jambe extérieure isolée, rêne intérieure en effet d’ouverture, rêne extérieure régulatrice, poids du corps à l’intérieur), suivi de la phase au pas, lors de laquelle il va progressivement inverser celles-ci pour demander le départ au galop sur l’autre pied.
Il est très important de préciser que, si les aides citées plus haut sont les plus générales, il n’en demeure pas moins important, voir fondamental, d’utiliser l’ensemble de son corps pour demander une telle transition. L’assiette, le buste, le jeu de l’équilibre du cavalier, sa coordination, le liant ainsi que tout ce qui fera appel à son tact équestre, finement dosé et utilisé à-propos.
Les défauts que l’on peut rencontrer sont notamment :
- Un cheval qui se traverse (dans la transition descendante et/ou montante)
- Un cheval qui ne marche pas à quatre temps, trottine, s’arrête
- Un cheval qui passe par le trot pour passer au pas ou partir au galop
- Un cheval qui s’ouvre (attitude du bout de devant, manque d’engagement des postérieurs)
- Un cheval qui s’enferme
- Un cavalier qui se penche trop en arrière, précède le départ, recule la main, rompt le contact…
Ce changement de pied nécessite une bonne préparation et certains prérequis à la justesse de son exécution.
De manière non exhaustive on peut compter parmi eux :
- Fluidité dans les transitions intra-allure au galop et inter-allure simples (galop-trot-galop)
- Travail d’incurvation, épaule en avant… (permettant ensuite un meilleur redressement et équilibre)
- Perméabilité aux aides
- Calme et décontraction
Le changement de pied en l’air
Ce mouvement se retrouve dès certaines reprises de niveau amateur, en jeunes chevaux de 6 ans et jusqu’au plus haut niveau.
Il peut être isolé ou rapproché.
Pour mieux comprendre ce mouvement et comment il se passe, voici un petit rappel du mécanisme du galop. Il s’agit d’une allure asymétrique, à trois temps, suivis d’un temps de suspension (aucun pied au sol).
Exemple du galop à droite : postérieur gauche, diagonal gauche, antérieur droit, temps de suspension
Le changement de pied en l’air consiste à faire passer le cheval du pied sur lequel il galope sur l’autre pied pendant son temps de suspension.
« Le changement de pied, c’est un nouveau départ au galop dans le galop »
Nuno Oliveira
Les critères de réussite sont :
- Rectitude
- Equilibre
- Aisance du changement de pied, fluidité, décontraction
- Effectué en un temps
- A observer également la qualité et le rythme du galop avant et après
Les principales fautes qui peuvent se présenter lors d’un changement de pied sont :
- En deux temps (d’abord devant puis derrière ou l’inverse)
- Se traverse
- Pieds joints
- Monte la croupe
- S’ouvre (attitude du bout de devant et/ou dans les postérieurs)
Le cavalier, pour changer de pied, devra alors inverser ses aides. Mais cela ne se résume pas qu’à cela. Le placement de ces aides devra être inévitablement associé une certaine coordination, une bonne proportion dans l’utilisation de chacune des aides (trop de jambe isolée pourrait traverser le cheval, trop de rêne intérieure pourrait fléchir l’encolure avec excès, bloquer le cheval et empêcher le changement de pied de passer totalement,…), un bon timing (devant intervenir au bon moment de la foulée du galop, cela en correspondance avec le délais d’intervention du cavalier et d’exécution du cheval, afin de ne pas être à contre-temps et permettre fluidité et aisance du mouvement…), le fonctionnement de tout le corps du cavalier.
Il n’est pas aisé de rentrer plus dans le détail tant le changement de pied dépend de chaque cavalier et surtout chaque cheval.
Des prérequis à observer
S’ils ne sont encore une fois pas exhaustifs, on peut compter parmi eux :
- Galop affermit
- Qualité du galop (contrôle de l’équilibre latéral et longitudinal du cheval, élasticité de la foulée, activité, projection…)
- Perméabilité aux aides du cavalier
- Calme et décontraction
Enfin, tout comme pour les aides du cavalier, il est difficile de donner un exercice précis et unique pour son apprentissage au cheval. Cela dépend de chaque cheval, de l’approche dans laquelle lui et son cavalier sont plus à l’aise. Cet apprentissage peut passer par la transition, galop-pas-galop ou galop-trot-galop, depuis le contre-galop, à partir d’une cession à la jambe…, chacun préparant le cheval d’une manière différente et y apportant sa plus-value.
En revanche il existe certaines « règles » afin que son apprentissage se passe le mieux possible.
Il semble fondamental :
- D’être rigoureux dans la préparation (du cheval en amont de ces séances-là, et du mouvement en lui-même)
- D’être analytique afin de savoir ce qui convient au cheval ou pas, ce qui se passe sous la selle en cas de difficulté (mais aussi lors des réussites afin de reproduire) et savoir pourquoi l’on fait de telle manière ou d’une autre)
- De savoir être méthodique (ne pas changer de méthode, d’exercice dès le premier échec, cela perturberait plus le cheval qu’autre chose, mais plutôt attendre que le cheval comprenne dans la voie qu’on lui a indiquée. Si la voie choisie semble ne pas aboutir, alors se servir des informations renvoyées par le cheval pour se diriger vers une autre voie qui lui correspondrait plus).
- De préconiser un côté plutôt que de vouloir apprendre les deux côtés dans une même séance. On peut facilement imaginer que s’il en fait un bon d’un côté, que l’on poursuit en voulant lui apprendre l’autre côté et que cela ne se passe pas bien, tout le bénéfice du premier changement de pied en sera affecté. Répéter plusieurs fois avant de passer à l’autre, pour ensuite pouvoir jouer avec les deux
- D’être patient (il faut partir du principe que cela demande de la coordination également pour le cheval. Il lui faut alors le temps d’interpréter ce qui lui est demandé, l’assimiler, s’organiser, avant que cela soit un geste plus « banal »). Il vaut peut-être mieux que cela prenne un peu plus de temps mais lui apprendre le geste juste dès le début et qu’il ne l’associe pas à quelque chose de désagréable ou douloureux (ne pas le laisser fuir, accélérer ou le « jeter » dans une courbe en se disant qu’il va mieux passer, le sanctionner au moindre faux pas…)
- De faire beaucoup de pauses (cela aidera le cheval à assimiler, digérer la séquence passée)
- De rester calme (intimement lié à la notion de patience, laisser au cheval le temps de comprendre et bien imaginer qu’il n’y met pas forcément de la mauvaise volonté mais qu’il n’a peut-être pas compris. S’agacer rajouterait à son incompréhension)
- De savoir quand s’arrêter et se contenter de ce qu’il nous a donné dans la séance
« Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup »
François Baucher
Nous remercions le Cadre Noir de Saumur, notre fidèle partenaire, pour leurs explications nous permettant de mieux comprendre le fonctionnement des changements de pieds au galop.